Chacun des spectacles qu’invente la Compagnie émile saar se construit autour d’un sujet, approché par la méthode de la collecte. Le sujet se voit questionné, étudié en amont, puis décliné, traité avec l’équipe et enfn énuméré, symbolisé au cours des spectacles… Chacun tend à représenter ce qui se trame en nous, êtres humains. Quittant rarement l’échelle humaine, ils dissèquent ce qui est ’recouvert’ de l’habit du vivant. Rien de naturaliste ni de linéaire pourtant dans ces créations, il s’agit plutôt de compositions.
Défaire le réel, inventer d’autres impressions de soulèvements, par l’usage des artifces visibles de la scène et du théâtre, avec peu, avec presque rien. Rendre visible (ou signifant) le microscopique des petits riens. Révéler la voix intérieure, d’en dessous des gestes et des mots.
Sur le jour fugace déploie une écriture théâtrale pour le thème du repas de famille. Tout autant des moments à table au sein de la maison familiale que de leurs hors-champs : ce qu’on ne voit pas, ce qu’on devine, ce qui structure notre être, l’individu de chacun et de ses liens. Chacun est constitué de son histoire individuelle et privée avec le moment du repas de famille. Tisser le vivant et l’anecdotique quotidien pour dire le silence entre de si proches inconnus. Représenter la pudeur de l’intimité. Les écarts de nos amours. Mettre à jour ce qui échappe de nos agissements. Face à une représentation de la boucle du temps, de l’insaisissable humanité qui galope et se transforme sans cesse : revenir à la table. Étirer le temps, détailler tous les gestes et les pas, écouter ensemble le silence, la radio, dire un poème, ou se parler de peu, des petits riens ; puis danser, courir, mettre le couvert, déplacer les quelques meubles, construire. Mettre en scène une suite d’instants. Le spectacle compose son propre ’rituel’. Dans une impression de déjà-vu, mêlant les vivants et les morts, il vise à tirer le portrait des multiples facettes de notre être.
Sur le jour fugace prend sa source dans le cinéma. Non pour adapter un seul flm sur scène ou pour refaire du cinéma sur une scène de théâtre, mais pour fabriquer (par la collecte d’extraits de cinéma) une matière sensible proche du vivant.
Chacun ayant sa propre histoire ou non-histoire avec les œuvres explorées, il ne s’agit en rien de les reconnaître, mais plutôt de se retrouver dans cette culture commune.
Conception et mise en scène : Marie Lelardoux, en étroite collaboration et avec : Anne-Sophie Derouet, Vincent Joly, Élie Baissat.
Accompagnement : Leïla Lemaire. Univers sonore : Josef Amerveil, Audrey Ruzafa.
Costumes : Sara Bartesaghi Gallo.
Administration : Valérie Lefebvre.
Et les regards d’Eric Goudard et Nina Batlaj.