« Un soir j’ai assis la beauté sur mes genoux et je l’ai trouvée amère et je l’ai injuriée »
C’est avec ces vers de Rimbaud que commence cette performance de danse-théâtre, forme hybride qui allie le mouvement et le dire.
Le danseur-comédien, seul en scène, nous conduit, du mensonge de la beauté à la vérité de la beauté ou de la beauté mensongère à la beauté authentique ou encore des ténèbres à la lumière, vers cette épiphanie « je sais aujourd’hui saluer la beauté ».
Epiphanie, du grec epiphanios « qui apparait », de la famille de phainein « faire briller »
Le vaisseau dans lequel nous embarque Rimbaud c’est la révolte contre les mirages de son époque portée comme la nôtre par le triomphe des mots : science, raison, travail, religion, race. Mots dont le poète dévoile
la part de barbarie.
Il est bouleversant que cette colère, sortie de la plume d’un homme de 17 ans, déborde jusqu’à nous et nous saisisse. Là est la pertinence d’offrir au public d’aujourd’hui « La beauté sur mes genoux » à partir
d’une Saison en enfer d’Arthur Rimbaud.
La danse est ici le conducteur sensoriel d’une traversée ou domine la violence faite au corps humain et non humain. Cette danse porte aussi la marque d’un indestructible désir de libération. Un bond hors des
illusions mortifères.
« Nous sommes les hommes de la danse, dont les pieds reprennent vigueur en frappant le sol dur »
Leopold Sedar Senghor, Prière au masque