Sujet pour une petite nouvelle : adaptation libre
Mise en scène : Flavia Lorenzi
Note d’intention
de Flavia Lorenzi
Le désir de travailler La Mouette de Tchekhov me poursuit depuis mes débuts au théâtre. La célèbre réplique de Nina Zarétchnaïa à la fin de la pièce m’a toujours accompagnée ; plus le temps passe, plus elle me parle :
« … Je sais maintenant, je comprends Kostia, que dans notre métier, artistes ou écrivains, peu importe, l’essentiel n’est ni la gloire ni l’éclat dont je rêvais ; l’essentiel, c’est de savoir endurer. Apprends à porter ta croix et garde la croyance. J’ai la foi, et je souffre moins, et quand je pense à ma vocation, la vie ne me fait plus peur. »
Le choix de La Mouette comme fil conducteur du deuxième projet de la Cie. BrutaFlor s’est imposé à moi comme quelque chose de vital et d’urgent.
« Le problème n’est pas que les formes soient anciennes ou nouvelles, mais qu’on écrive sans se soucier d’aucune forme, qu’on écrive parce que ça s’épanche librement du fond de l’âme. », dit Tréplev à la fin de la pièce.
L’oeuvre de Tchekhov touche des sujets qui me tiennent particulièrement à coeur, et je vois dans ce texte la possibilité d’une vaste ouverture, qui appelle une multiplicité de « voix soeurs ».
L’idée de départ n’est pas celle de faire une mise en scène du texte, mais plutôt d’aller à la rencontre de la matière que cette oeuvre nous propose, avec l’intention de nous approprier son contenu pour ensuite travailler sur une réécriture. Cependant, notre création n’envisage pas la déconstruction de l’oeuvre, mais la tentative de dégager du texte ce qui nous touche au plus profond. La Mouette nous servira de boussole, et nous chercheront les possibilités de traverser l’oeuvre en y ajoutant d’autres réflexions, en y multipliant les voix et les points de vues.
Le travail sur la Choralité
Depuis quatre ans je développe une recherche sur l’esthétique de la choralité,
proposant le groupe comme acteur principal dans l’espace. Cette présence collective me semble essentielle car elle nous libère de certaines règles depuis longtemps enracinées dans notre théâtre, comme par exemple l’incarnation d’un seul personnage du début à la fin du spectacle. Cette démarche me
permet de travailler à la lisière du théâtre et de la danse.
Néanmoins, la choralité ne doit pas empêcher la trajectoire individuelle de chacun au cours du travail. C’est ce basculement entre singularité et collectivité, entre théâtre et danse, entre fiction et réalité, qui m’intéresse.