Iannis Xenakis Persephassa pour six percussionnistes Martin Moulin Sextuor – Création Coordination artistique – Martin Moulin
Percussionnistes Jean-Baptiste Couturier – Mathias Deschang Jean-Christophe Garnier – Lionel Le Fournis – Vincent Mauduit Clarissa Severo de Borba Informatique musicale – Santiago Quintans
Ingénieur du son – Adolfo Kaplan Martinez
Conseiller artistique – Gabriel Bouchet
Un « double » ? Aux XVIIème et XVIIIème siècles, en musique instrumentale française, une variation attachée à un thème précédemment exposé. Plus largement, un travail d’après modèle. Ce que nous ne cessons de faire – piller, copier, imiter -, je veux ici l’avouer, plus, le fixer. La lecture des écrits, partitions de Xenakis, l’analyse de certaines d’entre elles, l’écoute répétée, particulièrement de « Persephassa », ont défini cet horizon indispensable à la « vision » artistique. Par « vision », j’entends clarté de l’idée, celle qui naît du mouvement répété, opiniâtre de l’esprit contre, tout contre la matière. Guère de mystique… même si les mots utilisés pour circonscrire le discours musical – ces cellule, motif, phrasé, réseau, partie, courbe ou autre schème – ne peuvent rendre compte de la fragilité de celui qui tient la plume face aux questions qui le surplombent : ce son est-il nécessaire… puis cet enchaînement… ; comment parvenir à l’équilibre – le Tao parle d’ « Egalisation mystérieuse » ?
J’aime ces mots d’Antonin Artaud, dans sa préface aux « 50 dessins pour assassiner la magie » : « alors je me lève je cherche des consonances, des adéquations de sons. » Quels sons, quelles consonances, dans quelles adéquations ?
La disposition proposée par Xenakis pour « Persephassa », en six points équidistants entourant le public invite à des raffinements particuliers, liés à cette possibilité d’écoute singulière. Notions d’espace, d’écho, de lointain, baignée dans l’hétérophonie naturellement créée par la distance entre les interprètes. J’ai choisi de concentrer mon travail sur ces décalages…afin de produire comme une « loupe auditive », permettant d’écouter plus attentivement les multiples jeux de variations posées simultanément à leur idée première. Le décalage, le malentendu, l’équivoque nous enserrent alors dans l’espace partagé par musiciens et auditeurs.
Artaud (plus loin), pour finir : « mais j’oubliais de dire que ces consonances ont un sens, je souffle, je chante, je module mais pas au hasard non… »
Martin Moulin, février-mars 2008
18H00 à La Fonderie : Autour de la création de Martin Moulin Rencontre avec Martin Moulin et Gabriel Boucher, membre fondateur des Percussions de Strasbourg.