Le collectif Encore heureux… est né, en 2013, d’une nécessité partagée au cœur de La Fonderie au Mans, d’ouvrir le lieu à des pratiques qui soient non exclusivement consacrées au travail de l’art. Ce collectif rassemble des personnes d’horizons et pratiques plutôt hétérogènes : infirmiers, intermittents, chômeurs, travailleurs sociaux, chercheurs, psychologues, artistes, animateurs, patients ou non.
En 2018, lors des rencontres Encore heureux… intitulées Le Beau Mariage, locution empruntée à un film d’Éric Rohmer tourné en Sarthe en 1982, était rassemblé un ensemble de personnes, d’institutions, de collectifs, invités à échanger et raconter les fines attaches qui soutiennent la vie institutionnelle et la vie collective. Lors de ces rencontres, le collectif avait souhaité explorer différentes pratiques, stratégies, attitudes à adopter pour répondre aux situations vécues dans le travail social, médico-social et culturel. Il s’agissait de dresser une cartographie précaire des situations, des usures, des possibilités et impossibilités, mais aussi des ruses pour soutenir des politiques d’accueil dignes et vivantes.
Comment nommer aujourd’hui ce qui a changé depuis ces six dernières années ?
Comment comprendre ce qui fabrique la persistance d’un collectif et d’un lieu ?
Comment résister à la temporalité des politiques publiques lorsque celles-ci se soumettent invariablement aux logiques et vocabulaires positivistes de l’évaluation, de l’inclusion, de l’insertion, de l’autonomie… ?
Comment affirmer au contraire les principes conjoints de l’accueil, de la singularité et de la solidarité ?
Comment défendre dans ces lieux et collectifs la temporalité propre à ce qui se construit pendant des années dans des expériences singulières ?
Nous souhaitons inviter différents collectifs et institutions à faire le récit de ce qui tient et se fabrique dans le temps spécifique de l’accueil afin de mutualiser des expériences et coordonner des perspectives quand les pouvoirs publics favorisent l’atomisation et la construction de dispositifs standardisés.